Théorie
C'est QUOI la BD ?
par Jean-Jacques
 
Si la bande dessinée est très diverse et hétérogène, personne ne l’a encore confondu avec un film ou un roman. C’est bien que certaines caractéristiques de la BD lui appartiennent en propre. Cette spécificité doit donc être définissable.

Les attributs de la bande dessinée

Pour certains, la bande dessinée n’est, ni plus ni moins, qu’un album aux couleurs criardes, avec des dessins médiocres, des scénarios stupides et des types avec des gros nez. Pourquoi pas… mais une telle affirmation est plutôt relative à une concrétisation possible de bande dessinée. La question reste entière : Quelle est la définition d’un bande dessinée ?
Et puisque nous en sommes à couper les cheveux en quatre, qu’est-ce qu’une définition ?
Pour le Littré, la définition d’une définition (là, on fait fort !) c’est l’énonciation des attributs qui distinguent une chose, qui lui appartiennent en propre à l’exclusion de toute autre. Cherchons donc les attributs de la bande dessinée.

N.B. : Certains exégètes particulièrement rigoureux trouvent que le sigle BD est dévalorisant et préconisent de s’en tenir toujours à l’expression bande dessinée. Aux Coinceurs de bulles, nous ne nous prenons pas la tête sur le sujet. Et comme c’est plus court, …

La définition est-elle contenue dans l’expression BD ?


Les mots même de « bande dessinée » induisent une perception très restrictive du genre « bande dessinée ». Parler de « dessinée » évoque une figuration par des lignes et éventuellement des tramés ou grisés pour les valeurs de lumière et d’ombre, au crayon, à la plume ou au pinceau, sans couleur. Quant à la bande, elle caractérise la succession de cases de même hauteur placées horizontalement à côté les unes des autres sur la largeur de la feuille.
Le bout du tunnel (par Jean-Jacques).

On a affaire à une bande dessinée au sens littéral du terme.
L’expression « bande dessinée » se forma dans les années 1930 pour désigner les bandes quotidiennes publiées dans les journaux. A l’époque, les publications sur des pages et des livres complets étaient appelées des illustrés. C’est seulement dans les années 1950 que le terme de bande dessinée prendra sa signification plus large. Le terme était donc historiquement assez exact mais fut très vite décalé par la dérive du genre vers les albums et des techniques picturales variées, alors que les bandes quotidiennes des journaux périclitaient.
Planche de la bande dessinée Itinérêve de Stéphane Heurteau
(Ed. Le Cycliste, 2001).
Aujourd’hui, on trouve des BD dont l’agencement des cases dans une planche n’est guère sous forme de bandes et dont le traitement graphique tient plus de la peinture que du dessin, le terme de bande dessinée étant cependant resté.
Le terme anglo-saxon de « comics » ne nous éclairent pas plus car ce n’est qu’une allusion au contenu fréquemment comique, du moins à l’origine, de ce média.

Plongeons-nous dans les dictionnaires

Dans le dictionnaire Larousse, on trouve la définition suivante :
Bande dessinée ou B.D. :
Séquence d’images accompagnée d’un texte, relatant une action dont le déroulement temporel s’effectue par bonds successifs d’une image à une autre sans que s’interrompent ni la continuité du récit, ni la présence des personnages. Cette définition est contestable. Par exemple, nombres de petites BD sont muettes. Dans d’autres BD, on pourra avoir des séquences sans présence de personnages (par exemple pour présenter un déchaînement météorologique, une éruption volcanique… intégrés dans un récit). Cette définition s’avèrerait donc trop précise et exclurait des œuvres qui sont pourtant indiscutablement des bandes dessinées.

Une bande qui ne rentrerait pas dans la définition de la BD du Larousse, parce qu'elle est muette
(Une vie de chien,Mark O'Hare, Ed. Hors Collection,2001). Et pourtant...

Dans le Petit Robert, il est dit qu’une bande dessinée est une :
« Suite de dessins qui racontent une même histoire ou présente un même personnage ».
Si on prend cette définition au pied de la lettre, un chemin de croix dans une église est une bande dessinée. Peut-être que cela s’y apparente, mais il est difficile d’assimiler un chemin de croix à une bande dessinée.
Les dictionnaires semblent donc trop précis ou pas assez.
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